Au bois lacté
05/06/2015
Après « Lettres croisées. » en 2008
« Les tortues viennent toutes seules » en 2010
« Le NON d’Anna » en 2014
pour ne parler que de celles dont j’ai parlé dans ce blog, comme chaque année, l’atelier théâtre de Ferney dirigé par Marie-Laure Berchtold a récidivé avec « Au Bois Lacté » d’après Dylan Thomas.
J’ai déjà dit tout le bien que je pense du travail de Marie-Laure comme metteur en scène. En ce qui concerne l’atelier, elle arrive avec des gens venus pour s’initier au jeu théâtral à monter des spectacles d’une qualité exceptionnelle. Et cette année, c’était encore un cran en dessus.
Au bois lacté, c’est 24 heures de la vie d’un village. A l’ombre du bois lacté, le petit village portuaire gallois de Llareggub s’endort au crépuscule sans lune. Saisies au cœur de leurs songes, les voix de ses habitants s’élèvent et tissent une danse lyrique, nous conviant dans leurs délires les plus intimes jusqu’à ce que pointe l’aurore. Dès lors, le petit bourg en folie s’agite en cette journée de printemps et nous fait vivre les espérances, les obsessions et les convoitises de ses villageois ordinaires encore imprégnés de leurs rêves nocturnes, rêves d’amour, de mariage, de sexe, de poison et de mort où s’exprime la beauté fragile du monde.
Quatorze comédiens se partagent la cinquantaine de personnages de la pièce Dylan Thomas (1914-1953). Ils traduisent à merveille la beauté luxuriante et sensuelle du texte, mettant en scène d’humbles personnages débordant de passions. La langue de Dylan Thomas est savoureuse, poétique, pleine d’ironie et tumultueuse comme un torrent. Ils nous entraînent avec brio dans une ronde folle teintée de rêves, d’émotions et de burlesque, à laquelle il est impossible de résister.
Un signe de réussite qui ne trompe pas, Marie-Laure habituellement très pointilleuse pour parler des petits défauts de ses comédiens en herbe, a reconnu que cette fois, le résultat était à la hauteur de ses espérances. Ils transmettent à merveille la poésie d’un texte exceptionnel adapté avec toute la sensibilité et la finesse de Marie-Laure. Dommage que ce type de spectacle soit si difficile à rejouer.
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