Orient Moyen
24/03/2015
C’est de l’Egypte que parlait de Gaulle lorsque il écrivait dans ses mémoires de guerre le fameux « Vers l'Orient compliqué, je volais avec des idées simples. Je savais qu'au milieu de facteurs enchevêtrés une partie essentielle s'y jouait. Il fallait donc en être. »
C’est par l’Egypte que commence l’article de Karl ReMarks sur son blog intitulé "Comprendre le moyen orient avec de meilleurs clichés" et traduit par Courrier International. Je l’ai à peine abrégé car la complication nécessite un minimum de longueur et d'embrouillamini…
« Pour saisir la réalité du MoyenOrient/de l’Afrique du Nord/du monde arabe, il faut d’abord s’intéresser à son centre de gravité, l’Egypte, qui est également le pays le plus peuplé de la région. Après la confusion créée par les révoltes du “printemps arabe”, l’homme fort de l’Egypte est aujourd’hui un ancien militaire du nom d’Abdelfattah Al-Sissi. Musulman sunnite et chauve, Sissi est un dirigeant “laïc” [mais bien religieux] qui est parvenu au pouvoir après avoir renversé un “islamiste sunnite modéré” [frère musulman] et démocratiquement élu appelé Mohammed Morsi (chevelu).
Ensuite l’article passe par les soutiens de Sissi,les radicaux wahhabites [la branche de l’islam la plus conservatrice] d’Arabie Saoudite et d’autres Etats arabes sunnites, modérés et conservateurs, sauf le Qatar, petit émirat “modéré conservateur” employant des “journalistes islamistes conservateurs” [la chaîne satellitaire Al-Jazira] pour leurs informations arabophones et des confrères aux inclinations sociales-démocrates pour leur version anglophone. Le Qatar et l’Arabie Saoudite sont néanmoins alliés dans leur opposition au président syrien, Bachar El-Assad, dirigeant “laïc alaouite” issu d’une minorité chiite. La question de savoir quel groupe rebelle sunnite modéré soutenir publiquement – et quelle faction sunnite radicale appuyer en secret – divise néanmoins toujours les deux puissances wahhabites. De son côté, Bachar El-Assad peut compter sur le soutien des conser vateurs chiites iraniens et des militants chiites libanais du mouvement Hezbollah. Les conservateurs chiites iraniens et les ultraconservateurs sunnites saoudiens se livrent sur le plan géopolitique un combat sans merci…En dépit de leurs nombreuses dissensions, l’Arabie Saoudite et l’Iran s’accordent à mener leur combat par l’intermédiaire de conflits régionaux [au Liban, en Syrie, en Irak…] au lieu de se déclarer ouvertement la guerre, trouvant probablement la chose plus drôle ainsi. L’Irak, le Liban et le Yémen constituent également des terrains d’affrontement acceptables aux yeux des deux rivaux pour mener leurs guerres de substitution. Profitant du chaos provoqué par le “printemps arabe”, les houthistes, membres d’une autre ramification chiite, ont récemment pris le pouvoir au Yémen. Certains y voient la main de Téhéran, qui aurait voulu punir l’Arabie Saoudite pour avoir laissé s’effondrer les cours du pétrole. (…) La soudaine ascension du groupe Etat islamique [Daech] sous la houlette du calife autoproclamé Abou Bakr Al-Baghdadi a surpris tout le monde, et surtout ceux qui ne faisaient pas trop attention à la situation. Al-Baghdadi, un musulman sunnite vraiment extrémiste (même si je ne lui dirais pas ça en face), a installé ses forces sur de larges bandes du territoire irakien, y compris à Mossoul, la deuxième ville du pays. La montée en puissance de l’Etat islamique mine l’infl uence de l’Iran en Irak, ce qui devrait faire plaisir à l’Arabie Saoudite, sauf que ce nouveau “califat” n’est pas un fervent partisan de Riyad, qu’il considère comme l’incarnation des “valeurs libérales”. Comme quoi, tout est relatif. (…)
Plusieurs analyses photographiques semblent indiquer que les femmes iraniennes porteraient des soutiens-gorge sous leur voile islamique. Les Iraniens regardent la télévision et aiment rire avec leurs amis, comme la plupart des gens en Occident. Les médias occidentaux ayant fortement insisté sur ce point, c’est sûrement que cela valait la peine d’être souligné (excellent !).
Autre poids lourd sunnite, la Turquie est alliée au Qatar contre l’axe saoudo-égyptien. Elle est dirigée par un musulman sunnite relativement modéré : Recep Tayyip Erdogan, islamiste imberbe et en costume souffrant de quelques poussées de fièvre ottomane.(…) La position de la Turquie est assez proche de celle du Qatar en Syrie et en Libye (Au Moyen-Orient, les puissances régionales sont comme les oiseaux de nuit parisiens, ils veulent tous être vus dans le dernier endroit à la mode.) La situation en Libye était compliquée du fait de l’absence de divisions sectaires. Cette difficulté a toutefois été levée après un temps, avec la création par les Libyens de rivalités arbitraires. Oups, nous voilà déjà presque à mille mots, ce qui ne nous laisse pas la place de véritablement aborder le sujet. Nous conclurons donc par un éternel lieu commun sur le MoyenOrient, en disant qu’il sera bien toujours le même.
Publié le 27 février
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