Hervé
07/06/2013
Ce blog ne commente pas l’actualité mais la mort de Pierre Mauroy me rappelle au souvenir de mon ami Hervé, trop tôt disparu.
Hervé était un pilier de la section locale du PS. Il était au parti, simplement, naturellement, par profonde conviction de la nécéssité d'une société plus juste. Il adhérait à ce socialisme populaire avec son ancrage local et ses racines ouvrières.
En 1986, sous l’impulsion de Mitterrand, eurent lieu des élections au système proportionnel départemental. Le PS avait propulsé Dominique Strauss-Kahn en Haute-Savoie, parachutage donc. Sauf que nous les savoyard, on avait notre grand homme, Robert Borel, alors maire d’Annemasse. Du coup, un grand nombre de militants et de sympathisants se retrouvèrent en rupture avec le parti, derrière Robert Borrel.
J’avoue que pour moi, c’était sans état d’âme. Mon âme militante, je l’avais perdu, avant 81, dans une réunion de section où certains parlaient d’entreprises qui devaient cracher au bassinet* lorsque l’on serait au pouvoir.
Campagne 86 donc, on annonce que Pierre Mauroy va venir à Annemasse pour soutenir la liste PS conduite par Strauss-Kahn. Nous, les soutiens de Borrel, décidons d’aller un peu perturber le meeting à Château Rouge.
Nous faisons voiture commune avec Hervé. Durant le trajet, je le sens un peu réticent. Il n’était pas bavard le bougre mais il finit quand même par m’expliquer qu’aller chahuter Mauroy était pour lui quelque chose de bien difficile. En quelques mots, il me fait comprendre ce que Mauroy représente pour lui. Pas seulement le premier premier-ministre du quinquennat mais aussi un homme simple, profondément de gauche, humaniste… bref tout ce que vous pouvez lire aujourd’hui dans la presse.
Nous sommes quand même entrés dans Château Rouge. Moi, iconoclaste et toujours frondeur, quand Mauroy est entré, j’ai vociféré mon désaccord pour ce soutien au parachuté. Hervé est resté plus discret au fond de la salle. Nous avons tous fini à l’auditorium ou Robert nous a parlé de ses intentions. Borrel a été élu, exclu du parti, il a siégé deux ans avec les sans étiquette. Aujourd'hui, à presque 80 ans, il continue d'oeuvrer au service du territoire, il est président de l'ARC, la partie française du Grand Genève.
DSK, élu lui aussi, jurant qu’il serait savoyard à vie, est parti deux ans plus tard pour Sarcelles et de nouvelles aventures.
Hervé, si ton âme bonne et simple erre quelque part, ce que je ne crois guère, je t’envoie mes amitiés socialistes.
* Cracher au bassinet veut dire donner de l’argent à contrecœur.
3 commentaires
L'histoire (une des rares dont je me souvienne avec celle de Mazeaud) est même dans la fiche Wiki de Robert BOREL.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Borrel
Si tu ne nous avais pas raconté tes déboires encyclopédiques, on aurait même pu croire que tu l'avais rédigée :-).
C'est vrai, je l'avais constaté après avoir écrit ma note en mettant le lien sur Robert Borrel. Je n'arrive même pas à comprendre comment mettre une photo de Borrel libre de droit sur Wiki...
Je retrouve dans mes mails ce texte de Josie:
Hervé,
C’est une vie engagée pour le bien de la ville
Assoc’, MJC, conseil municipal
Dispo quand il le faut, serviable mais non servile
C’est du bon sens versé à l’élan d’idéal.
Hervé,
C’est un regard si clair qu’il en ouvre son âme
C’est un cœur « gros comme ça ! » généreux de son temps
C’est l’étincelle du feu et la chaleur des flammes
C’est du bonheur offert à des rondes d’enfants.
C’est un sourire-soleil éclairant St-Julien
C’est une vie chargée de solidarité
Une aide et un soutien pour ceux qu’en ont besoin
Sans retour ni calcul, temps donné sans compter.
Hervé,
C’est aussi une envie de mer et de voiliers
Un appel secret de naviguer au large
Mettre les voiles au vent, contre gré et marées
Et nous quitter, chagrin, pour un autre voyage.
Ami, ta porte est restée si grande ouverte que la mort s’y est engouffrée.
De quel droit s’est-elle invitée, celle-là que l’on n’attendait pas qui t’enlève à l’affection et l’amitié de celles et ceux qui t’ont côtoyé, apprécié, aimé.
Et c’est silence maintenant dans cette soudaine absence
Où le vide apparaît comme un trou de chagrin.
Loin le son de ta voix et pourtant, en écho
Un chanoine irlandais* nous murmure ces mots :
« La mort n’est rien,
je suis seulement passé de l‘autre côté…
Et ce que nous étions les uns pour les autres, nous le sommes toujours
Parlez de moi comme vous l’avez toujours fait.
Continuez de rire de ce qui nous faisait rire ensemble
Le fil n’est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de votre pensée
simplement parce que je suis hors de votre vue
Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin…. * Scott
Josie- Août 09
Les commentaires sont fermés.