Scalp
19/05/2013
L’homme voyageur s’est fait scalper par un grand sorcier. Normalement le sorcier ne scalpe pas. La scalpation est l’affaire des guerriers. La valeur du peau-rouge se mesure au nombre de scalps récoltés.
Le scalp peut être pris sur un ennemi mort ou vivant, peu importe. Ce qui compte c’est le trophée.
Dans le cas de notre voyageur, c’est le sorcier de Dijon qui a marqué un point.
En fait, le découpage du scalp ne remonte pas au amérindiens et encore moins à la chirurgie moderne appliquée à notre ami voyageur. Cette sympathique coutume remonte aux Scythes. C’est du moins ce que nous narre Hérodote qui est quand même le papa de l’histoire et même de la géographie et donc le saint patron du voyageur.
Voici ce qu’il nous rapporte dans son Histoires au livre 4, chapitre 64 : « Quant à la guerre, voici les usages qu'ils observent. Un Scythe boit du sang du premier homme qu'il renverse, coupe la tête à tous ceux qu'il tue dans les combats, et la porte au roi. (…) Pour écorcher une tête, le Scythe fait d'abord une incision à l'entour, vers les oreilles, et, la prenant par le haut, il en arrache la peau en la secouant. Il pétrit ensuite cette peau entre ses mains, après en avoir enlevé toute la chair avec une côte de bœuf ; et, quand il l'a bien amollie, il s'en sert comme d'une serviette. Il la suspend à la bride du cheval qu'il monte, et s'en fait honneur : car plus un Scythe peut avoir de ces sortes de serviettes, plus il est estimé vaillant et courageux. Il s'en trouve beaucoup qui cousent ensemble des peaux humaines, comme des capes de berger, et qui s'en font des vêtements.
Les amers indiens avaient donc tout appris des scythes qui pourtant vivaient au Kirghizstan sur la route de la soie. A noter que l'homme kirghize protège habilement son scalp [photo].
A noter encore que français et anglais du nouveau monde, toujours avides de progrès, offraient, eux aussi, des primes élevées en récompenses des scalps ennemis.
Par contre, ils gardaient la côte de bœuf pour le barbecue.
2 commentaires
Je suis en train de lire (honte ! pas encore lu) Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq dont je n'ai lu que le splendide "La forme d'une ville" en l'occurrence Nantes. Et j'ai lu Scythes, Syrtes. Olala, la vieillesse... Ne confondons pas Syrtes et Scythes !
Le lien entre scythes et syrtes, c'est encore Hérodote. Après Homère qui parle des lotophages les mangeurs de lotus qui sont en fait des jujubiers sauvages donc les fruits au goût entre la datte et la pomme, est riche en anti-oxydant et a aussi des propriétés narcotiques. Voilà pourquoi les compagnons d'Ulysse se sont laissés endormir sur le rivage des syrtes, prés de Djerba.
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