Les sublimes
28/09/2009
Le saint lundi
Une chose qui m’a toujours étonné dans le monde du travail que j’ai fréquenté, c'est la docilité des cadres et employés très qualifiés. J’ai eu la chance de bosser dans des environnements privilégiés, ingénierie et informatique. Des employés très recherchés et souvent hautement qualifiés mais qui bossaient énormément pour créer de la richesse qui, souvent, profitait plus à leur patron qu’à eux même. Inutile pour un ingénieur de multinationale de demander à son boss plus de temps libre, il est bien payé mais il est corvéable à merci et... il l'accepte.
En écoutant Paul Ariès, j’ai appris l’existence des "sublimes". Voir l'article de la grande relève créé par Jacques Duboin. Les sublimes étaient au 19 ème siècle des ouvriers qualifiés très mobiles mais pas trop flexibles (comme dit le DRH moderne). Ils revendiquaient leur liberté et s’évadaient parfois de l’usine. Ils commençaient souvent la semaine de travail le mardi en se moquant de l’amende patronale et faisaient grève au printemps.
En général, ces ouvriers qualifiés retrouvaient du travail en cas de licenciement. Certes, cela n’est plus tout à fait le cas aujourd’hui mais cela l’a été dans les années 70, 80 et si on est très qualifié et un peu solidaire, c‘est toujours vrai. L'employé qualifié sent mieux que tout autre le poids de la conjoncture. Il a l'oeil sur son travail et un autre sur le business de son patron. Il peut facilement tirer parti des fautes de son patron pour rétablir l’équilibre des revenus.
Il faudra attendre la fin du 19 ème siècle pour voir disparaître les "sublimes". Ils seront nombreux à participer à la mise à mort de leur désir fou de liberté : Les patrons, la femme, le jardin, la maison achetée, tous concourent à les fixer. Les syndicats, eux aussi, marqueront leur hostilité aux "sublimes", leur préférant des ouvriers disciplinés, responsables. Les premiers journaux syndicaux désapprouveront la pratique du saint lundi. En 1884, les syndicats étaient autorisés. C'en était fini du Sublime. Venait maintenant le temps des militants et des "responsables".
N’empêche que, un peu de résistance de la part des sublimes d’aujourd’hui mettrait peut-être de l’huile dans les rouages sociaux qui broient les employés et les amènent parfois au suicide.
3 commentaires
Vive le saint lundi !
Article sympa sur un sujet que je ne connaissais pas et conclusion pertinente.
J'ai découvert également le terme en écoutant Paul Ariès !
Un sujet à creuser... et à expérimenter (travail à 90 ou 80 %)
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