Birobidjan
13/03/2008
Il m’arrive de commencer un article de la catégorie géographie par :
"Y en a marre de toujours parler de Palestine."
J’ai parlé, il y a peu, de l’oblast d’Amour, un oblast qui se trouve dans le très grand (plus de 6 millions de km² - 12 fois la Fance) district russe fédéral extrême-oriental. A l’est de l’oblast d’Amour se trouve le singulier petit (36'000 km²) oblast autonome du Birobidjan.
Pourquoi singulier ? Parce que Staline a décidé en 1928 de créer cette région autonome à la frontière de la Chine pour les juifs. La création découlait de la reconnaissance de la nationalité juive en 1924. C’était aussi un volonté de contrer la reconnaissance d’un entité juive en 1922 par la Société des Nations, ancêtre de l’ONU, qui instaure le sionisme.
L’URSS de Staline refuse l’hébreu trop associé au sionisme. La langue officielle du Birodidjan est donc le yiddish, une langue juive d'origine germanique avec un apport de vocabulaire hébreu et slave, qui a servi pendant des siècles de langue vernaculaire* aux communautés ashkénazes, les communautés juives d'Europe centrale et orientale, avant que la Shoah n’extermine les juifs d’Europe.
Le projet, se poursuit après la création d'Israël en 1948 mais, s'arrête à la mort de Staline en 1953. Fin 48, on comptait 30 000 juifs au Birobidjan. En 1959, la population juive de l’oblast n'était plus que de 9 %, chutant à 7 % en 1970.
Depuis le 1er mars 2008, l’oblast a fusionné avec le krai de Khabarovsk Sa population juive est tombée à 1,2 %. Seuls quelques vieillards qui discutent en yiddish sont les derniers témoins de cette histoire oubliée. Lire aussi l’excellent article de 2004 sur les revenants du Birobidjan. C’est l’histoire de juifs immigrés en Israël et qui sont revenus au Birobidjan. Il trouvaient Israël trop chaud et trop peu accueillant pour les russes ashkénazes.
* On appelle langue vernaculaire (du latin vernaculum - domestique) la langue locale communément parlée au sein d'une communauté. Le breton, l'arpitan sont/étaient des langues vernaculaires.
Ce terme s'emploie en opposition avec langue véhiculaire. Le latin était la langue véhiculaire des rites catholique. Le français celle des cours d'Europe, l'anglais est devenue LA langue véhiculaire par excellence.
Le latin, le hittite et le patois savoyard sont de toutes façon des langues mortes.
2 commentaires
Intéressant! Je ne connaissais pas du tout cette histoire.
Toujours instructif ce blog
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