Grosses têtes
10/06/2023
Au début du XXième siècle un penseur a failli prouver l'inexistence de Dieu avec une méthode des plus scientifiques. Hélas, cela a foiré. Vialatte nous explique pourquoi :
LE DIEU DES GROSSES TÊTES
L'Homo habilis serait notre vrai ancêtre (le singe n'était que notre cousin) parce qu'il a de vraies mains et une grosse tête. Ses vraies mains lui épargnaient de tout faire avec la bouche. Ce qui la libérait pour parler, et sa grosse tête lui permettait de penser, d'être maçon, notaire, romancier, que sais-je, conseiller général.
On a cru en effet remarquer que les grosses têtes contiennent de gros cerveaux qui peuvent enfermer beaucoup de pensées. Il y eut même au début du siècle un penseur qui usait de la grosseur de la tête pour nier l'existence de Dieu.
Il prouvait en se servant d'un mètre (un mètre souple de couturière) que la taille moyenne des chapeaux des séminaristes de Saint-Sulpice ( qui étaient déistes en général à cette époque [j'adore cette remarque]) était plus petite que celle des élèves de l'Ecole normale supérieure, où se rencontrait une majorité de sceptiques. Il en concluait qu'à Normale on était plus intelligent et que l'opinion de cette grande école était par conséquent plus probable que l'autre. D'où il suivait que Dieu n'existait sans doute pas.
[hélas] Un hydrocéphale ardéchois vint malheureusement fausser toutes les moyennes, ce qui jeta le trouble dans les esprits. Mais peut-être trichait-il? Certains l'en accusèrent. Ils expliquèrent que l'hydrocéphalie constituait par elle-même un subterfuge qui pouvait passer pour déloyal.
Antiquité du grand chosier, p.193.
2 commentaires
Allons, allons, que se passe-t-il encore, ici ? Encore une tentative de prouver l’inexistence de Dieu tombée à l’eau ? Comme tant d’autres. Mais au fond, est-il possible de prouver l’inexistence de ce qui n’existe pas ? Descartes, qui avait la tête bien sur les épaules, s’est contenté à l’inverse de vouloir prouver l’existence de l’être suprême à l’aide d’une méthode qui consistait à tout mettre en doute. Le numéro est assez habile. Mais, foin du passé lointain, et qu’il me soit permis d’encenser un grand esprit de notre temps, le créateur de ce beau joueb, Joël Périno, qui, au début de ce XXIe siècle, est parvenu, lui, à prouver qu’à défaut de penser avec sa tête, on peut y arriver avec celle des autres. (Et en toute modestie. Sans prendre la grosse tête. Ni celle du lecteur, fut-elle petite.) Penser avec la tête des autres, donc, et je fais référence, vous l’avez sans doute compris, à la (grosse) tête de ce colosse de la pensée : Alexandre Vialatte, de laquelle notre éminent Joël, jour après jour, exhume des trésors qu’il partage avec nous dans ces charmants articles, ces délicieux tête-à-tête au parfum d’érudition pour le moins… entêtant. On a un peu l’impression, en ces aîtres virtuels, de faire une balade à dos d’âne, lente et méditative, dans un paysage cultivé, un paysage où l’on découvre avec un plaisir sans cesse renouvelé de nouveaux aspects du « prisme Vialatte », de nouveaux textes qui viennent enrichir ces miscellânées. Elles portent si bien leur nom ! Merci encore pour cette belle trouvaille, Monsieur Périno ! Je suis un grand fan de votre blog. Car ici, point n’est besoin d’attendre le solstice d’hiver pour avoir son cadeau de Joël ! Sur « perinet », on est sûr de trouver toujours de beaux jouebs, tout neufs et bien « Vialattés », si vous me passez cette création onomastique un tantinet sybarite ! Bien cordialement, Alex
Allons, allons, que se passe-t-il encore, ici ? Encore une tentative de prouver l’inexistence de Dieu tombée à l’eau ? Comme tant d’autres. Mais au fond, est-il possible de prouver l’inexistence de ce qui n’existe pas ? Descartes, qui avait la tête bien sur les épaules, s’est contenté à l’inverse de vouloir prouver l’existence de l’être suprême à l’aide d’une méthode qui consistait à tout mettre en doute. Le numéro est assez habile. Mais, foin du passé lointain, et qu’il me soit permis d’encenser un grand esprit de notre temps, le créateur de ce beau joueb, Joël Périno, qui, au début de ce XXIe siècle, est parvenu, lui, à prouver qu’à défaut de penser avec sa tête, on peut y arriver avec celle des autres. (Et en toute modestie. Sans prendre la grosse tête. Ni celle du lecteur, fut-elle petite.)
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