Conte d'été -10-
12/08/2014
L'histoire commence ici
Jòn Gnarr, maire de Reykjavík, déguisé en Obi-wan de Star wars pour voter au élections du parlement.
La suite, toujours reprise du Tages Anzageir... La première année difficile du mandat municipal de Jòn Gnarr :
La presse s’en donne à cœur joie : quand Gnarr part en vacances, elle titre “Le maire se planque” ; quand son nouveau tatouage aux armes de la ville s’infecte, les moqueries fusent. L’élaboration du budget est un vrai casse-tête, surtout parce qu’il faut répartir les coupes budgétaires de la manière la plus raisonnable possible. “Ce qui m’a surpris, c’est de voir comment les politiques marchent à l’idéologie, se souvient Gnarr. En préparant le budget, on a vu qu’on n’y arriverait pas sans augmenter les impôts. On s’est fait automatiquement cataloguer à gauche et la droite s’est déchaînée. En réalité, on avait juste fait ce qui était incontournable.”
Séance typique : Le conservateur X : “Nous voulons un maire qui connaisse les faits, pas un qui raconte des anecdotes ! Un maire qui donne des réponses claires à des questions claires ! Un qui ne soit pas idiot !” Le maire, JÓn Gnarr : “Je suis désolé que tu ne sois pas satisfait de mes réponses. Ton jugement me touche beaucoup, d’autant plus que je ne le partage pas. Franchement, X, on te prend pour quelqu’un d’intelligent, de droit et de compétent.”
On se souvient que le petit Jòn lisait Lao Tseu quand son rapport à l’école n’était pas flambant. En matière de politique locale, le Meilleur Parti s’est inspiré d’un concept du Tao Tö King, le “wu wei” : ne pas riposter, laisser glisser les attaques. Et toujours manifester de l’estime à son adversaire.
Les caisses de la ville étant vides, le maire mise sur des actions symboliques : il se fait tatouer les armes de la ville, exhorte une délégation chinoise à libérer les dissidents (elle quitte le pays scandalisée), participe à la Gay Pride, lance pour Noël le concours du plus gros chat de Reykjavík et va voter habillé en chevalier Jedi. Il instaure le Jour du bonjour, vidéo dégoulinante de bons sentiments à l’appui, qui demande aux citoyens de se saluer poliment ce jour-là (et ça marche !). A la mort de sa mère, Gnarr arrive au bureau, portant ses vêtements à elle. En signe de deuil.
“Jón aime bien agacer les gens, explique Bjarni Brynjólfsson, l’attaché de presse de la mairie de Reykjavík. De toute façon, un homme politique sans argent ne peut rien offrir à la population. Jón a résolu ce problème avec élégance : aucune de ses actions n’a coûté un sou.” Et Óttarr Proppé ajoute : “Jón est comme une bonne grand-mère : il fait beaucoup avec très peu. On a montré qu’on pouvait bien s’amuser même sans argent. Ça vaut aussi pour la révolution : Jón et moi, on parlait à tout le monde. On peut aussi abattre le système de classes sans argent.”
La campagne n'a rien coûté ou presque, surtout si on compare avec celles de Bush, d'Obama ou de Sarkozy. Les élus du Meilleur Parti s'attachent à la sobriété, une sobriété extravagante pour oser l’oxymore.
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