60 et plus...
07/04/2013
Pour mémoire, Hélène, 60 ans et plus au chalet du Mégevand...
Catherine se souvient d’une casserole restée sur le gaz lors d’une longue balade en direction du col des Annes. Promenade interrompue donc et bien sûr... gaz éteint.
Mais était-ce la seule casserole restée sur un gaz éteint ?
On se souvient d’une chaussure de ski de fond, à l’époque de ces moches étriers. Une chaussure cuite à point dans le four du fourneau, odeur pestilentielle, plastique dégoulinant. Il faut dire que pour chauffer le chalet cela prenait tout le week-end et que l'on poussait le feu à fond pour avoir un peu chaud le dimanche après-midi.
Je me souviens que tu défartais les ski avec de la crème Nivéa.
On se souvient que ce chalet, s’il était proche des pistes de fond, et du village, était aussi à l’envers et que les courants d’air y prenaient leurs aises. On se souvient aussi qu’il fallait traverser une longue galerie pour aller au petit coin et que ce coin était exposé à la bise hivernale. On n’y lisait pas le journal et on s’y gelait les fesses.
Je me souviens d’un 31 et d’un cigare difficile à fumer et aussi d’une bonne bouteille qui s’était avérée être de la piquette ré-embouteillée dans un flacon de Chambolle Musigny.
Je me souviens d’une journée de visite frénétique dans l’ouest de la Turquie. Partis d’Ephése, visite de Priene, Milet et d'un autre site que j'ai oublié pour arriver le soir à Didymes. Enfin installés vers minuit à la pension l’Oracle, les mômes couchés, on a tapé le tarot jusqu’à tard dans la nuit. La pension donnait sur le site.
Je me souviens que le lendemain, toi et moi avions assez peu profité de la visite du temple d’Apollon pour cause de mise au point animée au pied de la méduse. Halte aux cadences touristiques infernales !
Je me souviens que quelqu’un m’a raconté que tu aurais sacrifié l’achat d’une machine à laver pour que Christian puisse jouer du saxo.
Je me souviens qu’il faisait une chaleur terrible dans le minibus et que, fenêtres ouvertes, c’était encore pire. Je me souviens qu’on avait transporté une tortue et aussi qu’on avait pris en stop un vieux monsieur qui ne sentait pas bon et à qui tu avais dit « guilli-guilli » au lieu de l’habituel « gouleï-gouleï » qui souhaite la bonne route. Je me souviens que Marie avait été malade à Konya, la ville des derviches tourneurs.
Je me souviens que dans ce bus en Turquie, toujours soucieuse de pédagogie, tu attirais l’attention des enfants sur les curiosités locales et que parmi elles, il y avait des poubelles jaunes en plastique flambant neuves.
Je me souviens que dans les Dolomites tu faisais trembler les échelles tellement tu étais rassurée.
Je me souviens aussi qu’un matin qui s’annonçait pluvieux et le parcours difficile, tu t’étais carapaté au dernier moment pour éviter d’autres échelles.
Je me souviens qu’avec ta bande de copines, vous étiez partis dans un chemin en descente alors que l’on voulait monter à Sous Dine. Du coup, on avait pique-niqué avant d’arriver à Champ laitier. Il faut dire qu’il y avait beaucoup de choses à dire, ta vie sentimentale intéressant énormément les copines. Chroniques people de la quinquaille.
On se souvient de la montée matinale au Nemrut Dag à la frontale. On avait bivouaqué à mi pente.
Le jour d’avant, on s’était baigné dans l’Euphrate. Je me souviens qu’il y avait des vaches qui étaient venues boire et regarder ces drôles de baigneurs.
Je me souviens que la vitre du bus n’avait pas résisté lorsque, contrariée, tu avais tournée la manivelle avec délicatesse. On était bien embêté car toutes nos affaires étaient à l’intérieur et Ankara n’est pas la ville la plus sûre de la terre.
On se souvient de Ceillac, de Champéry, de Bessan et de toutes ces super vacances d’hiver à faire du ski et jouer au trivial poursuit. On se souvient des trois compositeurs de la marche turque : Wolfgang, Amadeus et Mozart.
Catherine se souvient que pour monter à Bessan, tu avais emmené un poste de télé.
Je me souviens que, groupies de Pennac, avec Raymonde et Josie vous aviez écrit à Daniel pour un rendez-vous à Annecy et que le rendez-vous s’était terminé en eau de boudin.
Je me souviens de Vialas, de l'intégration mathématique des boites de conserve, des baignades dans le torrent et de ces grosses pierres qui le longent.
On se souvient d’une partie de bridge animée dans un refuge qui avait empêché certains montagnards de dormir.
On se souvient d’un bateau avec des machines à sou où l’on avait découvert ton tempérament de joueuse frénétique.
Je me souviens de cette soirée au fin fond de la Turquie, dans le seul hôtel d'un village hors du monde. Un des deux policiers locaux frappait à la porte de la chambre. Avec Catherine et les enfants, vous aviez la consigne de ne pas ouvrir. Interpellés au bistrot par l'autre policier, Christian très calme, m’avait dit « J’y vais, surveille les ouzos. » Je ne brillais pas devant mes deux verres anisés. Vous aviez simplement pris la clé d’une autre chambre qui ouvrait aussi la votre.
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