Au pays des gourous
19/01/2013
Il y a quelques années,, J’avais été très impressionné par le livre de Swami Vijayananda, « Un français dans l'Himalaya, Itinéraire avec Mâ Ananda Mayi » (cliquez sur le lien pour obtenir le PDF gratos). Ce médecin marseillais, mort en avril 2010, a vécu une grande partie de sa vie auprès de Ma. Il raconte dans son livre avoir été scotché lors du premier entretien de 20 minutes accordé par Ma en 1951. Malgré sa longue barbe, ce livre se lit comme un conte de fée.
Il raconte sa rencontre avec un certain nombre de sages de l’Inde de ces années là. Krishnamurti, Nimkaroli Baba, Râmdâs, Shivananda... Il tentait de distinguer les bons et les mauvais mystiques. Mais le principal du livre est consacré à Mâ Ananda Moyi (Mayee).
Quand j’ai commandé le livre de Daniel Roumanoff, « Candide au pays des gourous », je pensais trouver un récit de ses rencontres avec les gourous de son époque (dix ans après Vijayananda) et notamment avec son gourou
Swami Prajnanpad,
dont il fut le premier disciple français bientôt suivi d'Arnaud Desjardins ou Roland de QuatreBarbes (si, si !)
Étonnamment, les trois quart du livre, 280 pages, sont consacrés à… Mayee Ananda Mâ ou Mataji comme il l’appelle, la mère en bengali.
Comme Vijayananda, Daniel Roumanoff a été scotché par Mâ et il a eu bien de la peine à s’en remettre. Et pourtant, c’est Mâ qui, alors qu'il est malade, le renvoie vers Prajnanpad le rationaliste qui ne dégage aucune aura mais qui est très critique vis-à-vis du phénomène Mâ et surtout du halo de superstition qui entoure la mère, des devotees de sa cour qui ne vivent que par Mâ et même de ses disciples dont Vijananda.
Weintrob et Roumanoff (le père d’Anne) sont a priori des occidentaux rationalistes mais ils sont attirés par la spiritualité ou disons qu’ils sont peu satisfaits du matérialiste ambiant ni de la superstition à la mode Paolo VI, Giovanni-Paolo II ou Béni très étroit. Du coup, ils sont quand même de bons candidats pour tomber dans un divin piège à condition que celui-ci soit bien ficelé. Pas question qu’ils se laissent attraper par la première moustiquaire à mystiques venue.
Ainsi, Daniel ne passera que deux jours dans l’ashram d’Aurobindo qu’une autre mère française celle-là (Mirra Alfassa) dirige d’une main de fer et qui attire bons nombre d’occidentaux alléchés par le miel d’un yoga Intégral (Aurobindo) ou autres variétés Hatha, Raja, Bhakti, Karma, Jñāna, Kriyā, Ashtanga, Bikram, Iyengar Anusara, Tantra, Mantra, Kundalinī, Cittamatra, Shingon etc… Sachant que la sādhana est obtenue par une ascèse engageant toutes les forces du corps. La Bhagavad Gītā (un des chapitres du Mahābhārata) aborde les différentes voies du yoga et leurs philosophies. Non, je déconne, laissez tomber... En deux jours Daniel aura compris ce piège là et l'aura évité.
Si Weintrob a passé sa vie dans les ashrams de Mâ, Roumanoff ne se laissera pas prendre. Il reviendra en France pour se marier et avoir 4 enfants. Il fera une thèse de doctorat sur Prajnanpad. Il restera cependant très marqué par l’attraction, la séduction, l’emprise de Ma et ce livre pose la question du pourquoi. Bien qu’il en soit sorti et qu’il ait accepté la logique plus froide et rigoureuse de Prajananpad, il a de la peine à faire ce qu’il intitule « Discrimination et Délivrance ».
Epilogue : Lorsque j’énonce les principes de l’Advaita Vedânta et que je répète que le monde est maya ou que l’ego n’existe pas, j’énonce un mensonge. Mes paroles sortent de l’intellect, le cœur et les mains n’y participent pas. Et les gens qui m’écoutent ne s’y trompent pas. (...) Ananda Mayee Mâ est morte à Harwar en aout 1982.
Le livre est écrit dans un style agréable avec assez peu de mot sanskrit ou pali car si le christianisme se prêche en latin (sans le latin, sans le latin la messe nous emmerde...) l'islam se djihad en arabe littéraire, l’indouïsme se jacte en sanskrit et le bouddhisme se lithurge en pali. C'est ainsi.
Le pāli est une langue indo-européenne de la famille indo-aryenne parlée autrefois en Inde. Les premiers textes bouddhiques, tipitaka, sont conservés dans cette langue, qui est utilisée encore aujourd'hui comme langue liturgique dans le bouddhisme theravada.
Une vidéo de Mâ par Arnaud Desjardins en 59 qui ne convaincra pas vraiment. 1959, c'est l'année où Roumanoff rencontre Mâ.
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