Les combats d'une reine
25/03/2011
En 2005, j'avais parlé ici de Grisélidis Réal. Grisélidis Réal était une courtisane qui connut son heure de gloire vers 1975, à Paris, à la tête d’un mouvement insurrectionnel de 500 prostituées. Elle est morte en 2005 à l’age de 75 ans. C’était une militante de la prostitution qui aimait les gens et conchiait les moralistes de tous poils en commençant par Calvin et le pape. En 2009, elle a été entérré au cimetière des rois, le Panthéon de Genéve, au milieu de célébrités et non loin de son ennemi Calvin.
Françoise Courvoisier a fait de la vie de Grisélidis une pièce de théatre intitulée "Les combats d'une reine. Il s'agit de trois de ses combats tirés des textes mêmes de Grisélidis dont la passe imaginaire.
texte copié d'ici. Le combat premier commence à 35 ans. Côté jardin, Grisélidis interprétée par Magali Pinglaut, encore verte et pas toujours convaincante, est enfermée dans une prison en Allemagne, elle écrit et dessine. Un halo de lumière délimite sa cellule. Côté cour, dans un halo identique, accoudée à un comptoir de bar, Françoise Courvoisier reprend le fil de la vie de cette femme fière au milieu des années 1970. Grisélidis Réal, à près de 50 ans, se bat pour le droit des travailleurs du sexe. Elle mène en 1975 la « révolution des prostituées ». Au centre, la grande Judith Magre se glisse dans la peau de Grisélidis, plus âgée. Soixante-quinze ans, humour intact malgré un cancer, une beauté diffuse, qui s’exprime dans ses poèmes et ses tableaux. Elle rit, boit, ironise surtout. Avec distance et retenue, dérision, Judith Magre (affiche) incarne une femme pleine de vie et pourtant au seuil de la mort. Prête encore à en découdre.
Voir ces trois femmes n’en jouer qu’une est émouvant. Et la scénographie très simple – quelques éléments suffisent à évoquer une époque et un lieu : prison, comptoir de bar dans les années 1970 et chambre chaleureuse au début des années 2000 – laisse la part belle à ces comédiennes de trois générations. La partition héritée de Grisélidis Réal est tissée de textes comme Suis-je encore vivante. Journal de prison, la Passe imaginaire et les Sphinx (de forme épistolaire) ou le Carnet noir, qui compile avec un professionnalisme quasi bénédictin les lubies de ses clients et autres détails du métier, mais aussi les pensées fugitives et quelques aphorismes caustiques.
La manière dont elle s'en prend à Sarko, ministre de l'intérieur de l'époque qui s'attaque aux prostitués est très drôle. Après le off d'Avignon, c'était à Genève au théatre de poche. Une pure merveille !
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