Journal
28/12/2007
«Mon ventre est vide. Je veux un bol de riz. Je n’ai pas mangé depuis vingt-cinq jours» : ainsi s’achevait, le 5 juin, le journal, révélé mi-octobre, de Hiroki Nishiyama, un homme de 52 ans, mort de faim cet été, à Kokura, une municipalité de Kitakyushu (1,4 million d’habitants), dans le sud-ouest du Japon.
Quotas. Cet ancien chauffeur de taxi sans travail n’aura pas eu le temps, comme il le voulait, de chercher un nouvel emploi. Il est mort deux mois après qu’un des 142 fonctionnaires de la municipalité chargés des régimes de santé et de retraite, a décidé de ne plus lui verser l’aide publique de quelque 650 euros qu’il percevait depuis cinq mois. En fait, Hiroki Nishiyama a été la victime d’une politique de quotas : les avancements de ces fonctionnaires dépendent de leur zèle et de leur succès à éliminer des registres de pensions, chaque année, au moins 5 des 73 bénéficiaires dont chacun à la charge.
Réduit à la plus extrême misère et ne pouvant plus se procurer de quoi se nourrir, Hiroki Nishiyama est passé en deux mois de 68 à 54 kilos et en est mort.
C’est un des paradoxes de la deuxième économie mondiale. «Le Japon abrite de nos jours 19,5 millions de pauvres et nouveaux pauvres», rappelle Toshiaki Tachibanaki, un sociologue qui analyse depuis vingt ans la montée des inégalités dans l’archipel. Coïncidence, le 29 novembre, Tokyo accueillait une conférence organisée avec la Banque mondiale, sobrement intitulée : «Réduction de la pauvreté et stratégies de développement dans les pays à faibles revenus».
3 commentaires
Quelle époque formidable...
Edifiant, en effet.
La façade ! une façade et rien d'autre.
Bisous
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