Luc Fayard
06/11/2006
Cela fait un moment que je n'ai plus fait de portrait de blog.
Le prochain sur ma liste était celui de Luc Fayard . Site dans la liste à gauche.
Luc est journaliste depuis 25 ans dans les technologies et l'économie. Il enseigne à L'Université Paris-Dauphine sur le thème "Maîtriser son information". Il est l'auteur du "Dictionnaire impertinent des branchés", First, 2002 et l'animateur de l"émission de radio "01 Business, l'entreprise face aux nouvelles technologies", sur BFM
J'avoue que résumer un blog aussi profus que celui-ci ou que celui de JLK laisse mon clavier sans touche. Dans le petit carré en haut à gauche du blog de Luc on trouve : BD, Blog et journalisme, Débat, Animation, Communication, dessin, flash, illusion, humour, information, langage, littérature, management, mots, phot, poésie, écriture... Et moi qui pensais être éclectique *... Ce blog est donc un mélange de techno branchée, de hype, d'esbroufe, d'art et littérature y compris d'art de vivre, de vraie poésie et d'humanité. A preuve cette note (que je signe à deux mains) intitulée "La complainte du zygopétale" Le zygopétale est une espèce d'orchidée en photo plus bas, ne pas confondre avec l'endive en photo plus haut.
...je dis : halte-là !
Je voudrais un peu de poésie dans ce monde de la vitesse reine. Je voudrais du temps pour une âme calme et sereine.
Je voudrais que les gens se regardent dans les yeux quand ils se parlent, que chacun puisse se contempler dans sa glace tous les matins sans faire des grimaces.
Qu’on se souvienne plus souvent qu’on va mourir (...)
Je voudrais que l’entreprise redevienne un lieu social habité par des âmes fortes et droites, soucieuses de développer un grand projet utile. Je voudrais combattre la lâcheté grandissante d’une planète affolée qui ne parvient même plus à intéresser les nouvelles générations.
Les salariés de Larousse, inquiets d’être repris par un groupe qui monopoliserait toute l’édition française (en clair : achetés par Hachette, le roi de la machette), manifestaient en disant : « Voici comment nous serons gérés : les lettres W et Z, n’étant pas assez utilisées, seront supprimées de l’alphabet
Ils avaient compris, eux, que le summum de l’Ebitda (en gros les bénéfices) est de faire tout avec rien.
D’ailleurs, quand nous aurons installé toutes nos usines ailleurs (c’est-à-dire là où c’est moins cher), puis tous nos services (parce que, c’est incroyable, même les pauvres deviennent intelligents), alors, que nous restera-t-il d’autre à faire que se demander à quoi on sert ? Et quand les pauvres seront riches, où ira-t-on, ratons erratiques ?
Bref, le choix est simple : d’un côté, compter ; de l’autre, aimer. Avoir ou être, telle est la question binaire du monde digitalisé.
Je sais, certains militent pour que le commerce soit durable, l’économie solidaire, les échanges équilibrés, les politiques intelligents et les patrons intègres. Mais en général, ce sont les pauvres qui font semblant d’y croire, les riches, eux se marrent en allumant leur cigare.
Voilà donc, triste bilan, où nous a amené la techno : à accélérer le temps et à supprimer l’espace. Le monde digital est un monde virtuel, au sens propre, c’est-à-dire unidimensionnel.
Essayez de le dessiner, ce monde à un seul axe (l’argent), vous verrez, ce n’est pas facile ! Même le point le plus minuscule écrit sur une feuille blanche possède au moins trois dimensions. L’argent n’avait déjà pas d’odeur, désormais, il n’a pas non plus d’existence mathématique.
Pourtant, la techno aurait pu nous faire du bien, nous apprendre à lire et à écrire, à parler toutes les langues, bref à écouter et comprendre l’autre. Au lieu de cela, elle s’est contentée d’accélérer la communication, cette forme trafiquée de l’information. Grâce à elle, on bidouille les comptes, on diffuse des virus.
Le monde a perdu son âme.
*Eklektik - Ecouter l'emission de Rebeca Manzoni du samedi 4 avec Jean Rochefort.
2 commentaires
Bravo pour ce texte, je suis entièrement d'accord avec celui-ci...
Merci pour cette exposition permanente de bons mots sur vos blogs, j'aimerai pouvoir en écrire autant.
J'ai aussi bien aimé ce texte, évidement puisque je l'ai copié ici. De manière générale j'aime bien l'écriture et l'angle de vue de Luc Fayard, c'est qq qui sait sortir (par le haut) de ce monde informatico-médiatique si superciel dans lequel nous baignons (en tous cas lui et un peu moi.)
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