Tentation -7-
15/09/2006
Il y a encore deux jours, dans cet hôtel de San Cristobal de Las Casas, il a ressassé toutes ces questions en compagnie de Lucie. Elle n’en sait pas plus que lui, mais avec le culot et les certitudes de ses vingt-cinq ans, elle ne se prive pas de clamer haut et fort ses hypothèses. Pour elle : Maurice est un sale type, point barre. Il se peut aussi qu’elle dise ça par simple empathie avec Jacques, pour lui atténuer l’effet de futures désillusions ce jour prochain où il va enfin rencontrer son frère.
- Maurice, doit être pire que mon père. Crois-moi Jacques : un affameur de peuples… Prêt à vendre père et mère, pourvu qu’il en réchappe. Et puis, si ça se trouve, il a touché à la contrebande, à la prostitution… à la drogue même… Prépare-toi à être amèrement déçu.
- Oui, mais il a aussi fréquenté des gens bien. Ce séjour au Canada, pour rendre visite à un ami devenu moine. Les moines ne fréquentent pas les escrocs.
- Qu’est-ce que t’en sais ?
- Rien, c’est vrai… J’ai toujours été un peu naïf.
- N’exagère pas dans l’autre sens… De toute façon, patience, patience, tu ne vas pas tarder à être fixé. Appelle-moi dès que tu l’as rencontré.
- Curieuse ?
- Oui, je suis curieuse. Tu m’as suffisamment cassé les pieds avec l’histoire de ton frère. Alors, tu m’appelles, d’accord ? Sans faute ! Compris ? C’est un ordre !
- Promis, juré, craché.
- En attendant, relax, monsieur le faux naïf…
Elle a raison Lucie : patience et retour à l’instant T. La méditation s’est transformée en rêverie, le moment, en lente poursuite des secondes qui passent, la minute, en traque paisible de l’impermanence. Dans moins d’une heure, à l’ouest, le soleil aura disparu.
3 commentaires
J'ai revu un frère disparu, qui avait été adopté, dont j'avais un vague souvenir et une photo le représentant à l'âge de 2 ans et lui ignorait tout de mon existence.
Avant de le voir je ne me posais pas la question de savoir si c'était un type bien ou non, c'était "mon frère", il était au-delà de ce questionnement.
Ce qui fut insupportable ce fut le vide, l'absence totale de références communes, l'absence de vécu commun, l'absence de tout ce qui fait qu'un frère est un frère. Après quelques rencontres de politesse un peu forcée, la distance et puis plus rien. Et pourtant c'est un type bien.
J'attends la suite de ton histoire...
j'ai récidivé... j'ai re-joué avec ton joueb, joël! et cette fois-ci , contrairement à la méprise de la 1ère fois, j'ai été surprise, prise, éprise, accroc même dans cette tentation, à me laisser couler dans les défilés lettreux, les mots et merveilles, les dérives et les rivages des blog d'a côté.
C'est juré, même si je quitte la toile le temps d'un ailleurs, je reviendrai.
Je lance ce soir aux bouilleurs de mots, l'atelier de St-julien qui n'a pas froid aux mots, le défi inspiré par cet auteur-e dilettante : qu'ils finissent ta nouvelle "forfait illimité" selon leurs propres bouillonnements.
A suivre... donc
Josie
Ruth,
Merci de partager cette expèrience. Je n'avais même pas fait la relation avec le fait que mon premier livre "Eclats et pulsations" qui aurait dû s'appeller "Matricide", publié en 2000, était aussi l'histoire d'un frère qui retrouve sa soeur. Cela paraît impossible quand je pense au temps passé sur ces deux romans... mais c'est pourtant vrai. En fait dans Matricide, ce n'était qu'un prétexte pour parler de la fatrie et de la mère un indigne... En dehors de ça, je n'avais pas beaucoup exploité l'aspect retrouvailles, encore que...
Josie,
Content de voir que tu découvres les blogs. Pour les différentes fins de "forfait illimité" que vont écrire les bouilleurs, je me réjouis de les lire et de les publier ici.
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