Forfait 3
15/08/2006
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Forfait
illimité
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romance
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...Moi j’allais à Collioure, la côte Vermeille, la proche Catalogne française et espagnole. Il n’y avait pas trop de jeunes, dans notre car… Il n’y en avait même pas du tout.
Donc, j’ai changé d’autocar… Il me fallait trouver le bus CV02… Je me dépêche… Je veux m’asseoir dans les premiers rangs. C’est à cause de mon mal de cœur, coté couloir, c’est en cas de besoin… Ouf ! À peine installée, un grand escogriffe me demande si je peux me pousser vers la fenêtre. Devant mon regard courroucé, il n’insiste pas et propose de s’y installer lui-même. Je me lève pour lui céder la place. On se croise et soudain… quand il passe devant moi… la décharge… cent mille volts… mes aïeux, ouille, ouille, ouille. Lucien vous dirait que son pantalon de tergal et ma jupe 60% acrylique ont créé un bel arc d’électricité statique… ou quelque chose du genre. Moi, je suis bien certaine que c’est autre chose… des atomes crochus qui s’électrisent, des potentiels de foudre tapis là, dans ce car, qui attendaient de lancer leurs décharges… enfin, c’est surtout à cause de la suite que je dis ça… bien sûr !
Il y a eu un premier point sur lequel on est tombé tout de suite d’accord, avec Alphonse : à quatre-vingts ans passés, ça n’a aucun sens de parcourir la France en autocar pour visiter des caves, des grottes et des églises. Cette constatation et sa conséquence immédiate, la double absurdité de notre présence dans ce car, nous ont fait rire. On était comme deux enfants tout joyeux d’être surpris les doigts dans la confiture. Le reste de la conversation fut, comme disait papa, « à l’avenant » : cordiale et bon enfant. Accord parfait !
Arrivée à Collioure, je connaissais tout de la vie d’Alphonse, il savait tout de la mienne. Là-bas, on ne s’est pas beaucoup vu. On n’était pas dans le même hôtel, ni le même groupe d’excursion. Quand il était au musée Dali à Figueras, j’étais dans les caves de Banyuls. On n’a pas osé demander pour changer. C’est notre fond timide. Au bout des cinq jours, on s’est quand même débrouillé pour reprendre le même car pour Lyon. Nous sommes nés la même année, lui en janvier, moi en décembre. Lui, il a déjà passé les quatre-vingt-un et il va donc vers ses quatre-vingt-deux. Il est en bonne forme, veuf depuis 95. Mon Raymond est mort en 94… c’était fin juillet… le 29 exactement… un jeudi… dans des souffrances que je ne souhaite à personne.
5 commentaires
Je piaffe déjà ... c'est quand la suite ?
C'est le principe du feuilleton, il faut attendre le lendemain en esperant que le metteur en page ne le remplace pas par une page de pub.
Pour une fois que je m'accroche à un feuilleton , ça valait le coup de le dire , non ?
Jusqu'où ira la vieille dame indigne? ;-)
nous espérons, haletants, qu'elle ira où son désir la portera.
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