La flexsécurité
10/07/2005
Chronique de la ressource -6-
The Human Resource Weekly Chronicle
Chronique des illusionistes
On a dit que cette chronique se moquait de l’actualité, ce qui pour une chronique est un peu l’équivalent d’un hôpital qui se fout de la charité. Je dois admettre que c'est un peu vrai et j’ai donc décidé aujourd’hui de m’intéresser à la charité… pardon, à l’actualité.
La dernière rage dans le domaine de la ressource s’appelle la flexsécurité. Un terme qui nous viendrait du royaume de Hamlet où, disait-on, il y avait quelque chose de pourri. En plus d’être un assez mauvais mot-valise c’est un oxymore. C’est un peu comme le changement dans la continuité de Pompidou.
Lorsque je lis : « La flexsécurité va créer un CDI-nouvelle embauche qui va associer la flexibilité pour les entreprises à la sécurité pour les salariés. » Moi, je dis: bravo ! Dans cette chronique je me suis fixé la règle très stricte ne jamais parler de politique mais je ne m’interdit aucunement les discours sur la prestidigitation. Donc si, en plus, Dominique de Villepin nous sort des lapins et des tourterelles, moi je vote pour lui au grand concours de la magie qui aura lieu à Matignon en septembre.
J'aimerais rappeler que dans ce domaine, il y a une sacrée concurrence. Rien que ces deux dernières années, on a eu :
- Décembre 2003 - Le contrat de mission du Syntec.
Un CDD allongé qui dépasserait la période légale de dix-huit mois dont les
termes seraient calés sur la durée d’une mission.
- Janvier 2004 - Le contrat de projet - Rapport de
Virville le DRH de Renault reprend l’idée d’un super-CDD de plusieurs
années.
- Mai 2004 - Le CDI de performance de CroissancePlus
L’employeur fixe les compétences Après deux évaluations négatives, le salarié
peut se voir congédier avec un chèque de départ.
- Octobre 2004 - Le contrat de travail unique
rapport Camdessus Les droits du salarié seraient proportionnels à
son ancienneté.
- Octobre 2004 - Le contrat export de Nicolas Sarkozy Contrat dédié aux PME exportatrices, dont l’échéance n’est pas fixée à l’avance.
Voilà. Si je voulais remonter aux années Mitterrand, un livre n’y suffirait pas. On le voit, l’actualité est à l'illusion. Le concours est ouvert, rendez-vous en septembre à Matignon. Le grand défi de l’automne sera : comment donner à la ressource condamnée aux CDD l’illusion qu’elle a un CDI. Comment faire pour qu’elle ne se rende pas compte que certains ont tout quand d’autres n’ont pas grand-chose. Nos magiciens s'entrainent, ils ont tout l'été pour ça. On les encourage.
Rien ne va plus dans le monde de la ressource…
5 commentaires
Une fois de plus, tu vises juste. La question est de savoir : est-ce que notre monde mûte, ou est-ce qu'il meure?
"comment donner à la ressource condamnée aux CDD l’illusion...?" ben en lui donnant envie d'aimer les CDD! En lui expliquant "quelle chance que t'as, coco, toi au moins t'es pas comme ces pôvres CDI, tu es LIIIIIIBRE!!!, un vrai cowboy, un aventurier (à une autre époque on disait entrepreneur)..." c'est chic, c'est trendy.
On peut même aller jusqu'à détourner la fable du chien et du loup, vous savez, le loup maigre dont le destin de fier-animal- maigre-mais-liiiibre (bien, ça) est opposé à celui du chien-gras-mais-qui-a-un-collier (caca). Qui aurait envie d'un collier de chien? Qui ne voudrait pas être libre et fier (libre de quoi on ne sait pas trop d'ailleurs, mais chut!)?
Et ça marche, si, si je vous assure, le choc des images, faut juste savoir les choisir. Pas de soucis, "ils" savent......
Jean-Marie
La force de la magie quand même!
La duperie du modèle danois
Vu sur le site
http://www.actuchomage.org
Danemark et chômage : le modèle danois n'a aucun mérite
En 2004, le Danemark a plus de préretraités (187 200) que la France (139 700) pour une population active dix fois plus faible. Avec les autres mesures de marché du travail, le nombre réel de chômeurs est 2,52 fois le nombre officiel. Le taux de chômage réel devient 14,65 % au lieu d'un taux officiel de 6,38 %. La tromperie est dévoilée.
Avec une évolution de sa population active identique à celle du Danemark depuis quinze ans, non seulement la France n'aurait plus aucun chômeur officiel, mais le chômage réel serait résorbé pour l'essentiel. Et cela sans introduire une plus grande flexibilité des contrats de travail.
Si de plus la France avait eu recours à la même proportion de préretraites que le Danemark (6,78 % de sa population active), le chômage réel aurait entièrement disparu et beaucoup d'emplois à temps partiel seraient redevenus des emplois à temps plein.
Inversement, si la population active du Danemark avait augmenté dans la même proportion qu'en France (+12,1%), tout en créant aussi peu d'emplois (43 600 en quinze ans), le nombre de chômeurs aurait augmenté de 372 500 et le taux de chômage réel serait devenu 24,0 % de la nouvelle population active (après son augmentation).
Comme l'on voit, le succès apparent du Danemark ne doit rien à la flexicurité, mélange de flexibilité et de sécurité (discours bien connu). En fait, le modèle danois n'a aucun mérite pour résoudre le problème du chômage, une fois enlevés les artifices qui cachent le chômage réel et encore moins en tenant compte de la démographie de l'emploi.
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Au Danemark en 2004, pour un nombre officiel de 176 400 chômeurs, 268 300 personnes étaient enregistrées dans les "mesures de marché du travail" (labour market policy measures), des préretraites pour l'essentiel.. Le chômage réel était donc de 444 700 personnes.
La population active étant de 2 766 300 personnes, le taux de chômage officiel était de 6,38 %. Mais, en réintégrant les 268 300 faux inactifs (préretraités ...) dans la population active, celle-ci devenait 3 034 600 personnes et le taux de chômage réel 14,65 %. Ce taux est un minimum, car ne prenant pas en compte les "invalides" pour raisons sociales.
En France en 2005, pour 2 420 000 chômeurs au sens de l'Anpe (catégorie Defm 1) et 2 717 000 chômeurs au sens de l'Insee, le nombre réel de chômeurs en équivalent temps plein était de 4 092 000, soit un taux de chômage réel de 14,53 % (compte tenu de la correction sur la population active) . Pour rester comparable aux données danoises, l'équivalent en chômage des emplois à temps partiel n'est pas pris en compte ici.
Voir l'article "Chômage officiel et chômage réel (2005)" sur le même site http://travail-chomage.site.voila.fr/chomage/chom_reel2005.htm .
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Le modèle français est le plus honnête en matière de chômage, ou le moins habile pour en cacher l'étendue, comparé au modèle danois, anglais ou hollandais. Le recours aux préretraites massives est utilisé au Danemark, l'invalidité pour raisons sociales (sans réelle invalidité médicale) est la mesure principale en Angleterre (Royaume-Uni) et aux Pays Bas, ce qui n'empêche pas l'utilisation d'autres mesures pour cacher l'importance du chômage. Dans ces trois pays, le chômage réel est de deux à trois fois plus important que le chômage officiel et se trouve comparable au chômage réel en France.
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Enfin, le Danemark produit et exporte du pétrole et du gaz, ce qui arrange beaucoup les finances publiques et permet de payer un nombre considérable de préretraites pour faire baisser le chômage apparent en diminuant la population active.
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Voir http://travail-chomage.site.voila.fr/danois/dk_merite.htm
pour un document trés complet et de grande qualité, avec des tableaux statistiques et les sources utilisées. D'autres aspects y sont aussi abordés : indemnités de chômage, coût du travail, durée effective du travail.
> En effet, cela vaut vraiment la peine d'aller voir le document original car tout est bien expliqué avec des informations sérieuses et issues des sources officielles (citées). Le texte peut être imprimé avec tous les traitements de texte (rtf).
Merci visiteur pour ces informations. J'avoue que pour moi, qui suis un adepte de la simplicité volontaire,
http://fr.ekopedia.org/Simplicité_volontaire
le fait de dissimuler des chômeurs sous couvert de préretraite, ne me gène pas beaucoup. Il faut bien qu'un jour ces merveilleux gains de productivité qui découlent de cette croissance quasi ininterrompue depuis des décennies se traduisent en moins, voire beaucoup moins de travail. Ce qui est ennuyeux c'est l'inactivité des jeunes qui entraine un vide social et existentiel, c'est aussi la pauvreté des uns face à la richesse insolente des autres...
mais les préretraites bien financées... je ne suis pas contre.
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