Terre et poésie
14/10/2022
Féroce, le mot nous étreint,
La poésie n'est pas le proie du poème. Elle assiège et s'éclipse. Nous laissant plus gravé dans l'argile, ou plus libre d'un anneau.
Toujours un peu en amont du dernier poème vécu, la poésie ne saurait décevoir. Je dis un peu car il faut apprivoiser l'impossible : imaginer que s'éclaircira un pan du mystère, qu'un passage existe, à portée de voix, à portée de regard.
Besogneuse, la raison meurtrit le rêve. Etre poète, c'est savoir. C'est aussi se garder plus libre que toutes raisons.
Sans alluvions nos terres s'étiolent.
Sans jetée sur l'espace, nos jours s'asphyxient.
(...)
Ni ancre, ni refuge ; la poésie affronte et bouscule.
Nul ne peut la river.
Elle échappe aux faîtes du passé, s'affranchit des charpentes du présent.
Si elle prête aux saisons : c'est pour mieux prendre élan et rejaillir.
La poésie demeure au futur.
Andrée Chedid
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