Sabirs et argots
16/08/2014
Peu après le Déluge, les hommes (et donc les femmes) parlaient tous la même langue. C'était assez pratique. Ils se sont installés dans le pays de Shinéar (Babylone ?) et ont entrepris de bâtir une ville puis une tour dont le sommet devait toucher le ciel. Dieu que l'on appelait Yahweh qui peut être taquin certains jours mais aussi colérique à l'occasion. Lui qui nous avait chassé de son paradis terrestre et qui donc ne voulait pas de concurrence dans son ciel paradisiaque, a brouillé leur langue et les a dispersé sur toute la surface de la terre.
La construction de la tour a cessé. La ville s’appelait Babel.
Le mot Babel viendrait de l’hébreux balal qui veut dire brouillé, confus ; à moins qu’il ne vienne de Babylone ou encore de l’assyrien babilu, la porte de Dieu ou Babili, porte des dieux ou comme babiller qui vient du langage enfantin… Bref, un tas d’autres origines du mot sont possibles, c'est bien la preuve que Dieu a soigneusement brouillé les pistes pour qu’Alain Rey puisse faire des dictionnaires historiques.
Mais les hommes sont malins alors non contents de parler quantités de langues, de dialectes et de patois divers, ils ont inventé des langues nouvelles sous le prétexte de mieux se comprendre. On citera entre autre les koïnès, les créoles, les sabirs, la lingua franca, les pidgins et plus récemment l’Esperanto et le Volapük. Ils ont aussi inventé des langues pour ne pas être compris hors du groupe, ce sont les argots, les jargons, le louchebem des bouchers, le javanais, la langue verte… sans oublier la langue de bois.
Une koïnè est une variante d’une langue à dialectes. Il arrive que par consensus se développe une forme commune, compréhensible par tous les locuteurs des différents dialectes d’une même langue. Le nom vient de la koïnè grecque qui permettait aux différentes entités politiques possédant leur propre dialecte, de maintenir des relations commerciales et diplomatiques. Ce koïnè là serait à l’origine du grec moderne.
Les langues créoles se sont formés par des locuteurs qui parlaient différentes langues et qui, pour communiquer, adoptaient la langue des maitres dans une version simplifiée. C’est ainsi que nous sont resté du temps de l’esclavage des créoles anglais, français, espagnols, portugais et bien sûr des un peu mélangé.
Les habitants de la Dominique parlent anglais mais leur créole est à base de français ce qui leur permet de communiquer avec leurs voisin de la Guadeloupe et de la Martinique.
Contrairement au koïnè, le pidgin est un parler utilisé par des locuteurs de langues très éloignées. Le vocabulaire d’un pidgin provient d’une langue dominante, l’anglais pour le Chinese Pidgin utilisé pendant le dix-neuvième siècle entre commerçants chinois et européens dans les ports chinois comme Canton. Le pidgin est plutôt d’origine anglaise. Le mot viendrait de la prononciation du mot business. Pour gouvernment on peut dire gobmint.
Le pidgin est assez simple et sans véritable grammaire. Le globish et un pidgin english qui pourrait devenir une lingue véhiculaire universelle si Yahweh ne s'en mêle pas.
La lingua franca était un mélange de langues latines parlé dans l’ensemble du bassin méditerranéen, par les marins, les marchands, les bagnards et autres déportés. On parle aussi de sabir (du latin sapere, savoir). On le retrouve sur les chantiers où travaillent italien, espagnols, portugais et français.
Pour l'esperanto et le volapük, je vous laisse à l'avis du général.
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