Paradiso
27/11/2013
Comment ça ? T’as pas lu Paradiso ?
Connais pas ! Jamais entendu parler...
C’est comme ça que, grâce à Trystan, le fou de voyage et de littérature, je me suis retrouvé à lire Paradiso de José Lezama Lima, écrivain cubain (1910-1976), romancier, poète et essayiste, considéré comme l’un des plus important de la littérature d’Amérique Latine. Paradiso est son chef d’œuvre et son seul roman publié de son vivant.
Rafael Fauquié a écrit (dans "Escribir la Extrañeza"), Lezama "est un écrivain à la parole gourmande, gonflée d'allusions aux plus extraordinaires phantasmes. Chez lui, le vocable s'enfonce, comme une grande cuiller, dans un bouillon qui contient toutes les saveurs, tous les savoirs, et il réussit à en extraire des gorgées intimement mêlées, qui sont images, qui sont poésie. Lezama est un poète du sensuel; écrivain d'une parole qui est plaisir, qui est délice, qui est plénitude "*.
C’est assez juste. Bon, à dire la vérité, je n’ai pas dépassé la page 200 et là, j’ai fait une indigestion de mots.
Je croyais avoir l’estomac solide en matière de belles lettres mais là, j’ai trouvé la pâtisserie très riche et dégoulinante de crème chantilly qui m’a gavée.
C’est beau comme de la poésie mais c’est trop riche. Il faudrait le lire par petit bout. Le problème, c’est qu’il y a quand même, plus ou moins, une histoire et que même en lisant à la suite on arrive déjà pas à suivre. Que faire ?
J’ai pensé à Ulysse qui m’est tombé des mains, à La Recherche qui me tombe régulièrement des mains. Je crois qu’avec ce genre de pièces montées, j’ai trouvé les limites de ma boulimie de littérature. Peut-être faut-il retenter le coup à petite dose comme je le fais parfois pour Proust. Peut-être…
Pour se faire un idée, écoutez José Lezama Lima ou le triomphe du baroque. L’émission commence par un texte extrait du début de Paradiso assez sympa. Baroque, mais aussi onirique, ludique, insolite, poétique, foisonnant, luxuriant, fourmillant... (vers 11:50). Lezama Lima était sans doute un personnage passionnant.
*"un escritor de palabra golosa, henchida de barruntos sobre las más extraordinarias imaginerías. En él, el vocablo se hunde, como inmenso cucharón, en un caldo que contiene todos los saberes y todos los sabores y logra extraer, inimaginablemente entremezclados, bocados que son imágenes, que son poesía. Lezama es un poeta de lo sensual; escritor de una palabra que es deleite, que es placer, que es plenitud."
6 commentaires
Ulysse ! je me suis forcé à aller jusqu'à la dernière page mais j'ai fait de la lecture rapide ! qui a lu ce livre, vraiment lu ?
Il faudra qu'on m'explique.
J'ai fait un effort. Je préparais un voyage à Dublin. Combien parmi ceux qui vont se saouler à Dublin ont lu quelques pages du grand homme ?
Ma première tentative avec Ulysse, c'était la version anglaise... Après quelques pages, je me suis dit "t'es un peu présomptueux de t'attaquer à un monument pareil en anglais."
Quelques mois plus tard, je n'ai pas eu plus de succès avec la version française à part que là je comprenais presque tout les mots... mais quelle barbe !
Paradiso est plus jouissif, je trouve, il faudrait le lire juste pour le plaisir des mots, mais 600 pages, c'est long. Il y a des phrases incroyables, des métaphores hallucinantes, dommage que Vialatte n'en ai pas parlé, le livre est sorti trop tard. Il en aurait sans doute tiré une chronique savoureuse.
Bonjour,
Je découvre votre blog avec émerveillement à l'instant.
Quelqu'un qui me ramène au mot Vistemboire, chic alors !
Vous êtes forcément un saint homme !
Voilà-voilà pour ce soir.
Au plaisir et à bientôt, c'est certain.
Or
Je ne peux pas dire que je connais Lezama, car j'ai seulement lu un poème qu'il a écrit sur l'écrivain mexicain Octavio Paz. A mon avis, ce poème là, est extrêmement “recherché” et compliqué (“recherché” est “rebuscado” en español, mais je ne suis pas sûre que ca marche en français, peut-être vous dites trop “soigneux” ou barroque plûtot.)
J´aime bien la comparaison avec James Joyce, (en sauvant les distances) car, le fameux l'écrivain irlandais me semble également compliqué (pas tellement barroque). En parlant des Irlandais je suis fan de George Bernard Shaw. J´adore son style dépouillé, son humeur perçant
et la manière comme nous pouvons écouter (presque) la voix de chacun de ses personnages. Je n'essaie pas de comparer, ce je veux dire est-ce qu´elle me plaît la simplicité plutôt que la complication.
J'espère que vous terminiez de lire "Paradiso" quelque jour, pour nous donner votre opinion finale. Merci.
Or Pâle, revenez quand vous voulez avec ou sans votre vistemboire.
Ana, moi aussi la simplicité me paît. Ce n'est pas sûr que je termine Paradiso un jour, par contre ce serait dommage de ne pas le lire pour quelqu'un qui parle espagnol ;-)
Ce n'est pas sûr que je lis Paradiso un jour. Trop "gourmande" pour simple moi. Desolée!
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