Lapin
22/07/2012
Comme vous le savez, je suis toujours en quête du fameux boson de Higgs. A quoi sert-il ? Pourquoi ne se montre-t-il pas ? Ou va-t-il ? Quelle gueule a-t-il ? Quel vol a-t-il ? Quel veste a-t-il ? Quelle montre a-t-il ? Quelle masse a-t-il ? De quel côté du miroir se trouve-t-il ? etc... Sa récente découverte, le 4 juillet, ne m’a pas avancé. Du coup, pour éclairer ma lanterne, un fidèle lecteur, scientifique et amateur de musique, m’envoie la chronique d’Alain Rémond publiée dans Marianne.
Comme vous et moi, Alain ne comprend rien à ce foutu boson qui donne de la masse à toute chose. Alors il prend pour argent comptant la métaphore proposée, dans le Monde, citant les propos d’un éminent spécialiste, Jean-Marie Frère : « Imaginez que cette particule est un gros lièvre tapi au bord d’un champs de blé immobile. Si les couleurs sont identiques, l’animal est invisible. Si le champ de blé se met à osciller sans que le lapin bouge, alors en observant suffisamment longtemps, on pourra voir la bête. »
A noter que l’on commence par un lièvre et qu'en deux phrases on finit par un lapin. Faudrait savoir monsieur (faux) Frère. Quelle bestiole vous cherchez au juste ! Déjà que prendre les lecteurs du Monde pour des gamins de CE1 n’est pas sympa, il faudrait au moins rester cohérent.
Alain Rémond, lui, prend le parti du lapin contre les chasseurs. Il note que ce lapin qui aurait bougé une oreille aurait quand même une chance sur un million de ne pas être un lapin (ni un lièvre d’ailleurs). Sa position me semble bien compréhensible vu que ces chasseurs nous coûtent une fortune pour faire tourner des hadrons en bourrique en espérant trouver un lapin. D’ailleurs, ils ont déjà dit que maintenant, il faudrait construire, vite fait, un nouvel anneau bien plus grand, plus puissant, etc… sans doute pour repérer un éléphant gris sur fond gris. Et ils pensent quoi les chasseurs de la dette grecque et de la dette espagnole ?
Et Alain Rémond de conclure que cela fait des centaines de milliers d’années que l’on vit sans rien savoir de la masse et qu’on s’en passe bien. Il propose de laisser une petite chance au lapin de Higgs. Je ne suis pas d’accord. On a mis de gros moyens pour le chasser, finissons-en !
Mais pour le gros gibier, que l’on cherche ailleurs. Dans les étoiles par exemple. Comme le faisaient jadis les poètes. Parait que là-haut, les collisions sont bien plus fortes.
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