Agave
08/08/2009
Sur le roc se dresse un agave :
Là, dans les airs, depuis longtemps,
Il croît, plante impassible et grave,
Que n’émeut jamais le printemps.
Ni fleurs ni fruits dans sa verdure ;
Roide sur le granit brûlé,
Jamais sa feuille énorme et dure
A nul vent tiède n’a tremblé.
Tout d’un coup, après des années,
La plante sent une douceur.
Ses feuilles s’ouvrent étonnées :
Une tige part de son cœur,
Tige puissante qui s’élance,
Telle qu’un arbre, droit dans l’air,
Et qui, joyeuse, se balance
A la folle brise de mer !
Au soleil, comme par prodige,
D’heure en heure on la voit grandir :
Déjà, du bout de la tige,
Des boutons cherchent à sortir.
Ils s’ouvrent : la fleur triomphante,
Portée au ciel comme en un vol,
S’épanouit ; alors la plante,
L’œuvre achevé, meurt sur le sol.
Elle ne vivait, immobile,
Rassemblant toute sa vigueur,
Que pour voir, - sublime et fragile, -
Cette fleur monter de son cœur.”
Jean-Marie GUYAU, Vers d’un philosophe, “L’agave-Aloès”
2 commentaires
Alors là, Joël tu m'apprends que cette tige puissante qui s'élance dans le ciel méditerranéen s'appelle Agave/Aloès... merci.
En fait c'est une Agave, plante qui n'est pas de la même famille que l'Aloès ce que Guyau ne devait pas savoir.
On cultive(ait) une variété d'agaves pour faire des cordages et des ficelles (voir sisal), quant à l'aloès vera qui lui ressemble un peu, on en fait des crèmes et on l'utilise aussi pour ses fibres.
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