Bororos
27/11/2008
A l’occasion de cent ans de
Claude Lévi-Strauss,
j’aimerais revenir sur une célèbre phrase.
Les bororos sont des araras.
En fait, les bororos disent qu'ils sont des araras. Pour ceux qui ne le sauraient pas, les bororos sont une tribu d’Amazonie et les araras des perroquets (les aras) qui servent de totem gravés sur l’étui pénien des bororos. Le sixième chapitre de « tristes tropiques », le livre qui a rendu Lévi-Strauss célèbre en 1955, parle des bororos. Les ethnologues et autres sociologues se sont longuement penchés pendant tout le XXième siècle sur cette affirmation qui semblait aller contre toute logique et relever de religion primitive. Durkheim, Mauss, Lucien Lévy-Bruhl, Lev Vygotsky, Ernst Cassirer, puis Clifford Geertz et Dan Sperber ont tenté de lui trouver du sens. On a noirci des tonnes et des tonnes de papier.
Dans les années 1970, l’ethnologue Christopher Crocker, est allé reposer la question aux bororos. Il est apparus que seuls les hommes disent qu’il sont des araras. Les femmes, elles, élèvent des araras domestiques. Chez les bororos le mari va vivre chez son épouse. Donc les bororos peuvent affirmer solennellement mais non sans malice que « Les bororos sont des araras. »
On peut d’ailleurs se demander si tous les hommes, avec ou sans étui pénien, ne sont pas des araras.
Bon anniversaire Claude.
1 commentaire
Et que deviennent le urubus ?
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