Rencontre -2-
24/01/2008
Ma rencontre
avec
Alexandre Vialatte
-2-
(…)J’avais sorti de la poche de mon vieil anorak, le petit livre rouge des pensées de Mao Tsé Tung.
Intrigué, il me posa deux ou trois questions sur le livre faisant preuve d’une vraie curiosité. Il connaissait pourtant mieux que moi la pensée du grand timonier qui devait conduire la Chine au chaos en encourageant sa jeunesse la plus ignorante à dénoncer le pouvoir des intellectuels les plus érudits, à les contraindre à des autocritiques truquées pour finalement les envoyer cultiver la terre. Il avait écrit des chroniques sur Mao. Il aurait sans doute pu me réciter cette chanson populaire à Pékin en ce temps là : « Les poissons ne peuvent quitter l’eau, les cucurbitacées ne peuvent lâcher la plante grimpante, Le peuple ne peut abandonner le parti communiste, La pensée de Mao est un soleil qui ne se couche jamais. » Il aurait pu ironiser sur ces chinois qui s’attachaient à Mao comme la citrouille à l’ampélopsis, ces chinois qui brandissaient le livre, le récitaient à l’arrêt d’autobus, qui se jetaient dans le Fleuve Jaune pour suivre Mao dans ses exploits natatoires, des chinois qui allaient jusqu’à gagner des médailles olympiques grâce à lui et à ce petit livre que je tentais en vain de décrypter.
Alexandre me regardait d’un air amusé qui s’expliquait peut-être par la préparation de sa 876 ième chronique de la Montagne, celle du 22 novembre 1970 dans laquelle il parle de l’effrayant témoignage dans les mémoires du petit empereur de Chine victimes de toutes les cruautés mentales. Élevé comme un dieu vivant dans une cour d’un autre age où il n’avait droit de faire aucun mouvement, paralytique en quelque sorte, la rééducation maoïste avait réussi au bout de nombreuses années de sévices à lui faire coller des boites en cartons. Cette chronique 876 qui raconte d’autres prisons culturelles de Mao toutes très horribles et qu’il termine par « Voilà pourtant ce dont rêve toute une jeunesse française » juste précédé de son célèbre « Et c’est ainsi qu’Allah est grand. » qui devait clore toutes ses chroniques montagnardes du 9 décembre 52 au 25 avril 71.
Peut-être que, derrière le jeune maoïste mal fringué, il avait reconnu le futur quinquagénaire chauve et bedonnant, le père de famille soucieux de transmettre des vraies valeurs, voir le grand-père en puissance, ou l’informaticien rangé et fou de littérature qui un jour voudra à tout prix encombrer les rayons des librairies de ses œuvres.
--- la suite demain, peut-être ---
8 commentaires
J'arrive ici pour te proposer une petite rédac et que vois-je! Elle est presque déjà faite!
http://tracesecrites.free.fr/blog/index.php?2008/01/24/316-la-rencontre
sourires
Passent pas mes commentaires... Sont où?
va voir le gardien et passe chez moi, s'tep. sourires
Alexandre Vialatte? Quelle chance !
Je préférerais : "Le soleil de Mao est une pensée qui ne se couche jamais.", ça fait moins langue de bois.
Je me demande où tu vas chercher tout ça. En tous cas, je suis convaincu que toute quête de lucidité, politique ou personnelle, vaut écriture et donc lecture. J'attends donc la suite avec intérêt.
traces, curieuse coïncidence en effet.
lil, c'est une fiction.
garde, la citation vient d'une chronique de Vialatte.
Jacques, la suite arrive doucement...
Quel dommage...
Bonjour,
je viens de tomber chez vous par hasard, ou presque,
quelle rencontre ça a du être,
En 70, je savais même pas lire, sous prétexte que j'étais même pas né.
Du coup, vialatte, je ne connais qu'au travers de Desproges.
ON les trouve publiées quelquepart ses chroniques, et surtout elles sont encore actuelles?
A bientôt, et tant pis pour Mao
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