No Suicide -6-
16/08/2007
Lucien est resté célibataire. A la mort de Raymond, après ces deux années pénibles de longue maladie, il s’est occupé de moi… Je me suis occupée de lui… Enfin on s’est occupé l’un de l’autre, Lucien et moi… Parmi les nombreuses fois où je me suis demandée ce que je faisais là, à survivre bêtement, celles qui ont suivi la mort de Lucien et plus tard, la fin de ma chère Raymonde, furent de loin les pires. Survivre à son enfant, enfant devenu lui-même un vieillard, c’est idiot ! « Ça n’a pas de bon sens ! » comme dirait Jules.
J’aurais dû mourir bien avant Lucien. J’aurais dû mourir avec Alphonse. C’était un sacré cadeau du ciel, Alphonse. Tomber amoureuse à quatre-vingt ans. C’était inespéré ! Un miracle… Un an, ça a duré… À peine plus. Un an de lettres d’amour, d’échanges téléphoniques sur mon petit portable, grâce à mon forfait illimité. Alphonse, c’était un bien beau cadeau, inespéré. Il aurait fallu que soit le dernier. Il aurait fallu finir sur ses lettres. Après tous ces déménagements… de bâtiments, d’étages, de chambres, d’APerHos… je les ai perdues, les lettres d’Alphonse. C’était en venant de… C’était en allant à… Oh, et puis, je ne sais plus… elles sont perdues voilà tout. Et je m’en moque. Il y a longtemps que je les ai toutes apprises par cœur :
(…) J’ai voulu t’envoyer encore un baiser avant de m’endormir, te dire que je t’aimais. À peine avais-je raccroché, à peine l’écho de ta voix s’estompait dans mon oreille, que ma pensée s’envolait vers toi. Elle courait plus vite que la modulation de l’onde qui m’apportait tes douces paroles, plus vite que la lumière qui illuminait ton visage sur les coteaux de Banyuls… Soigne-toi bien, je t’envoie toute ma tendresse (…)
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c pa bo
pas du tout
du tout du tout
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