Jack Rollan
16/05/2007
En écoutant la RSR1 dimanche dernier j’ai appris que Jack Rollan avait avalé son bulletin de naissance. Des souvenirs me sont remontés en mémoire de l’époque où je restais cinq minutes sur le parking de l’entreprise à écouter l’éditorial de Jean-François Kahn sur Europe1, après le journal d’Olivier de Rincquesen, et où le défunt journal La Suisse publiait chaque matin le Bonjour de Jack.
Europe1 et Kahn, c’était vers 8 heures 15 et le billet du journal c’était à la pause café. Deux moments qui rythmaient et enrichissait la matinée du programmeur que j’étais. Dimanche donc, arrivé à la maison, j’ai retrouvé le recueil des Bonjours de Jack et je ne manquerai pas de vous en publier quelques uns ici, dès que Neuf daignera me remettre en route cette foutue connexion.
Jack Rollan, né Louis Plomb, en 1916 est donc mort le 3 mai. C’était un animateur de radio, un chansonnier et un chroniqueur. C’est dans ce dernier rôle que je l’ai particulièrement apprécié. Jack avait aussi lancé la Chaine du Bonheur, cette organisation de solidarité si typiquement suisse par son aspect multiple, généreux, pratique et efficace.
Dans ses billets, Jack savait être caustique, humain, hors des sentiers battus, sale caractère, un brin anarchiste, tout cela avec une plume riche et exigeante. Bref, parmi les articles du feu journal « La Suisse » en général conventionnels, axés sur le fait divers, le sport et une politique suisse un brin ennuyeuse, les Bonjours prenaient un joli relief. J’espère vous avoir mis l’eau à la bouche. A suivre...
4 commentaires
?? Jamais entendu parler.
Bonne idée on les attend :-)
On le revoit avec son chapeau sur l’œil, un peu canaille. On se rappelle la gouaille de son Bonjour légendaire à la radio, puis dans son canard du même nom, un peu boiteux. Ceux qui l’ont connu se rappelleront entre eux ses frasques et ses folies, si peu dans le grave goût romand, mais au fond qui était Jack Rollan ?
Il y a quelques semaines, il nous avait envoyé une brassée de poèmes inédits, qu’il avait tirés « d’un grand désordre » dû à son « génie personnel et à celui des femmes de ménage ». Nous avons trop tardé à lui en parler, ne connaissant pas sa mauvaise santé, mais d’emblée nous avait frappé l’élan amoureux qui les traversait (leur titre d’ailleurs est Je t’aime – et variations), et la grâce ciselée de leur forme, leur mélange de naturel primesautier et d’élégance à l’ancienne, de vitalité joyeuse et de mélancolie aussi.
Jack Rollan écrivait ainsi dans un poème intitulé Coup de foudre, daté de 1998 : « C’est affreux de penser à vous/sachant qu’il faut y renoncer/puisque ma vie arrive au bout/alors que vous la commencez », et qui finissait sur ces vers exprimant bien le versant généreux de sa nature : « C’est affreux de penser à vous / mais plus affreux est de penser / que j’aurais pu mourir sans vous / avoir vue un instant passer »…
Parce qu’il était gouailleur et batailleur, on a souvent considéré Jack Rollan comme un bateleur plaisant mais en somme sans consistance. Or la beauté intérieure se révélant dans ses poèmes, qui lui fait par exemple écrire « Je t’aurais fait l’amour /en écoutant Ravel /A genoux, sans bouger, comme on fait sa prière », dévoile un aspect plus secret de sa personnalité, entre fantaisie et nostalgie. Jack Rollan qui saluait toute une époque passée en chantonnant Addio Vespa, écrivait aussi : « Je n’aime pas mon cœur/tabernacle d’un culte/où mon enfance en pleurs/déteste cet adulte/qui rate son bonheur », ou sous le titre d’Insomnie : « Je ne supporte pas/le bruit de cette rue, où je m’endors tout seul/où je m’endors sans toi/Je ne supporte pas/mon drap de toile écrue/ qui me fait un linceul/ puisque j’y dors sans toi »…
Je reviens de qq jours sans fil à la patte et découvre ce commentaire sympathique.
Merci Jean-Louis, je vais faire une note de ces quelques vers.
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