Internet Romance -20-
14/08/2005
Plus tard, j’ai pu me rattraper avec son journal dont voici un extrait écrit après le pot d’arrivé chez TKN :
« Sitôt arrivée à la maison, Mary-Ann s’est mise au piano. -Ton piano joue faux, il faudrait l'accorder- C'était dit sur un ton sans réplique. Elle en joue avec furie, en même temps elle critique le bureau de TKN. Elle se paye la tête de mes collègues avec une saine férocité. Quelle énergie ! J’ai besoin d’un whisky pour retrouver mes esprits, à l’ultime seconde, je me rappelle que la chose est désormais prohibée. Elle est précisément en train de s’inquiéter de la quantité d’alcool ingurgité dans la soirée par mes collègues, elle parle et elle joue en même temps. « C’est toujours comme ça ? Ils boivent toujours autant ? C’est beaucoup trop, ce n’est pas raisonnable… » Après un final enlevé, elle rabat le couvercle du piano, elle s'approche de moi. Je comprends que le moment tant attendu et un peu craint est arrivé. A l'instant, si j'avais le choix, je préférerais rester dans ce fauteuil à l'écouter jouer toute la nuit. Je me sens tout raplapla… J'esquisse le geste de me lever, elle me plaque dans le fauteuil comme un demi de mêlée All-Blacks. Elle pose sa tête entre mes jambes… Si je n'étais pas si bien calé, je m'effondrerais. Elle passe ses mains sous mon pull, force le passage sous ma chemise. Je tente un mouvement pour l'amener à ma hauteur. Elle m'invite, sans un mot mais fermement, à ne pas faire le moindre geste. Elle officie selon un rituel écrit de longue date, je suis sa victime expiatoire. Pour l'instant, le seul choix qui m'échoit est d'attendre que la cérémonie se déroule à son rythme. La prêtresse fait son office, les gestes sont lents, les points forts sont entrecoupés d'attente. Elle me caresse lentement, délicatement, voluptueusement, elle se concentre avant d'attaquer ma ceinture. Ses gestes sont précis, presque sans émotion. Elle la décroche d'un coup sec, elle déboutonne sans hâte, un, puis deux boutons, elle marque un temps d'arrêt, on dirait qu’elle hésite. Dans ma tête c'est l'ébullition. Je suis partagé entre l'envie d'agir et celle de laisser faire, je laisse faire. Je me contente de lui caresser les cheveux avec la même douceur qu'elle met à me caresser le bas du ventre. Elle s'attaque à mon pantalon, docilement, j'aide à la manœuvre, mon sexe n’hésite pas, il se redresse. Elle en fait le tour du bout des doigts, l'effleure comme une touche de piano, puis elle semble s'en désintéresser complètement. Elle ne bouge plus puis baisse la tête, obstinément, concentrée. J'ai des fourmis dans les jambes. Je retiens mon souffle. Elle ponctue ses caresses de longues périodes d'immobilité, puis, elle reprend ses attouchements, des gestes plus cabalistiques que sexuels autour de mon pénis. Ce doux supplice se termine par un éclat de rire. Elle se lève, me prend la main pour m'extraire du fauteuil, me conduit dans ma chambre. Je fais deux petits pas, les jambes entravées avant de remonter un peu mon pantalon et de la suivre docile, perplexe et impatient. Je m'apprête à la déshabiller à la hâte mais elle tente de freiner mon impétuosité, elle m'indique qu'elle veut de la lenteur, de la douceur. Je fais mon possible pour me calmer, puis on se retrouve bien vite, sur le lit, serrés l’un contre l’autre dans une étreinte tant désirée (…) »
Il écrit bien, le bougre. Je lisais ces pages, copiées depuis le disque dur de Nicolas, à deux bureaux de son cube, avec le délicieux sentiment que l’on ressent en violant un interdit. Il était rentré plus calme de son tour d’Europe. Il parlait moins. Je ne questionnais pas et pour cause, je savais tout. Cette position de voyeur était détestable et délicieuse. Je sautais au prochain paragraphe. Inutile. Le récit croustillant s’arrêtait là. Coïtus interruptus !
3 commentaires
sacré musicienne cette Mary Ann
Je savais que tu allais aimer ce morceau Fred.
Il est vrai que j'adore la musique.
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