Internet Romance -19-
12/08/2005
Depuis notre équipée sauvage à Lyon-Satolas, Louise et moi avions commencé à parler de cette histoire. Depuis des mois, elle était devenu la confidente de Mary-Ann. Leur échange épistolaire, hors French, datait de janvier. Mary-Ann parlait d’Australie, Louise de la vie ici, de ses grands enfants, Mary-Ann questionnait beaucoup sur les enfants : « comment étaient-ils tout petits ? Est-ce que c’était difficile ? Est-ce que son mari l’avait beaucoup aidé ? » Elles parlaient de Nicolas.
J’avais mille questions pour Louise, mille questions sur la belle australienne. Il me fallait les poser calmement, Louise n’est pas du genre à galvauder ses secrets, pas non plus du genre à fréquenter le bar du Trianon. Je trouvais donc tous les prétextes pour lui rendre visite dans son bureau, un cube assez éloigné du mien. Il m’a fallu toutes les six semaines pour savoir deux ou trois petites choses. Que Louise me pardonne, c’est sur la base de ces bribes, glanées jour après jour, que je voudrais reconstituer le puzzle : « Portait d’une petite fille élevée dans le quartier chic de Rose Bay, à Sydney. Enfant gâtée par son papa et sa maman. Jeune femme en quête de sens à sa vie. »
- Cette liaison, d’après toi, c’est solide ? Tu crois que ça peut durer ?
- Écoute, quand Mary-Ann m’a parlé de ce voyage, j’ai pensé que c’était une bêtise et que jamais il n’irait à son terme, je le lui ai dit.
- Et aujourd’hui ?
- Je ne sais pas. Je ne sais plus trop quoi penser…
- Qu’est ce qu’elle dit de Nico ? Comment elle le trouve ?
- Disons, qu’elle n’est pas dupe de son côté… son côté…
- Bizarroïde, farfelu.
- Si tu veux… Avec Tom, ça ne marche pas si mal. Physiquement j’entends. Elle est assez franche dans ses lettres, presque crue. Tu sais qu’ils devaient se marier, Tom et elle ?
- Nico n’a pas l’air d’y croire.
- Moi, je te le dis qu’avec Tom c’est plus sérieux que Nicolas veut bien l’admettre.
- Oui, difficile de croire qu’elle va changer son bel italien contre notre petit vendéen malingre et un peu illuminé.
- Je ne dirais pas ça comme ça… C’est pas très sympa.
- D’accord ! Mais est-ce que tu penses que Mary-Ann essaye de rendre Tom jaloux en venant ici ?
- Ça, c’est bien possible, et je n’aime pas ça du tout. Elle m’a dit qu’elle trouvait la situation amusante, que Nico est gentil mais un peu fou.
Après tout, puisque Nicolas voulait bien jouer les guides à travers l’Europe, c’était son problème.
- Mon espoir, c’est que Mary-Ann veut des enfants… elle en veut à tout prix et avec Tom, c’est exclu.
- Quand même, Nicolas, comme étalon, on fait mieux.
- Écoute, pour ce qui est du cerveau, il est pas mal équipé, Non ? A ce qu’on dit, c’est même un petit génie.
- Génie, je ne sais pas mais très intelligent, ça oui !
Nous étions livrés à notre imagination, nos tourtereaux visitaient l’Europe et nous, nous manquions atrocement d’information. Heureusement pour moi, Nicolas avait emmené son ordinateur portable et il a pris des notes, presque chaque jour. Plus tard, j’ai pu me rattraper avec son journal.
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Intrigue, quand tu nous prends.
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