Internet Romance -16-
09/08/2005
Il allait réveiller sa tachycardie. « Cette nuit, je t’assure, j’ai pas dormi une minute ! J’étais bien trop excité pour fermer l’œil ! » On le croyait volontiers. Debout depuis quatre heures, Nicolas en était à son cinquième café. Nous roulions sur la route de Lyon-Satolas, c’est moi qui conduisais dans le petit jour naissant. Dans le Renault Espace, nous étions quatre : Louise, Christian et moi, silencieux et méditatifs, l’excitation de Nicolas n’avait pas encore de prise sur nous trois.
Christian, un vieil ami de Nico, organiste du dimanche comme lui, avait travaillé dans notre groupe une année plus tôt. Louise est, avec moi, la plus proche observatrice de cette idylle. Elle approche de la retraite. Secrétaire chez TKN, elle a pour Nicolas de l’amitié et beaucoup de tendresse. C’est une femme de bon sens, solide sur ses pieds, l’œil rieur, de l’humour à revendre. Chaque jour elle lit French et quand on a décidé d’accompagner Nicolas à l’aéroport, elle est venue me voir. On a parlé un long moment, elle s’amuse de cette histoire avec beaucoup d’indulgence dans la voix. Elle m’a parlé de Mary-Ann comme d’une complice.
On est archi en avance, le hall de l’aéroport est désert, le buffet est fermé. On tourne en rond. Louise a pris son gros appareil photo. Les amoureux ont convenu, en souvenir du ballon rouge de Boston, que Mary-Ann mettrait un sac sur la tête. L’heure arrive, l’avion est annoncé, on s’avance vers l’arrivée. Des passagers défilent. D’où viennent-ils ? Des jeunes au pas alerte, un vieux boitillant, l’air sévère, une dame souriante avec trois enfants… Et toujours pas de sac sur la tête. Louise désigne à Nicolas une immense noire fessue avec des balcons bien surplombants, elle lui demande : « C’est elle ? » Lui, sur son petit nuage, de répondre : « Non, elle est trop grande. » Crise de fou rire générale.
Enfin, LA voilà. Pas de sac sur la tête, un grand sourire, elle s'avance vers Nicolas comme dans un ralenti de série B. La scène des grandes retrouvailles après dix ans de séparation. L'héroïne tombe dans les bras de son prince charmant. Les photographes mitraillent. Demain, cela fera la une.
1 commentaire
J'ai pris trop de retard. Il faut que je m'y mette sérieusement demain. Alors à demain pour l'opus 17
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